LES CRÉATRICES  

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Françoise Gervais

Mon œuvre a deux parties puisque nous sommes deux. Une œuvre écrite, une œuvre parlée, une œuvre enregistrée. Une œuvre qui voyage avec les autres œuvres. Montrer la résultante de plusieurs boîtes différentes et semblables à la fois, une action libre ! "Comme elles se voient faire partie de la vie", les femmes pourraient être vues dans leur simplicité. Pourtant les cris sont là, muets. Il faut les ressusciter. Les exposer dans une lumière chaste et douce. Et la mort qui veille dans leurs souffrances qui ne connaissent pas de fin. Leur fragile liberté ressent toujours le danger.

L'art dans la foule des gens. Je ne touche pas à pleines mains cette bulle, j'effleure, je tatillonne, je partage, je mets des mots ici et là, je les relis et j'essaie d'y voir ces femmes qu'on ne sait pas voir. Des fois j'ai l'intuition que c'est pas si utile que ça pour le monde entier; les guerres, les malheurs quotidiens m'enfargent, mais dès que je me retrouve devant chaque boîte, devant chacune de nous, je me surprends à vouloir résister et trouver que notre action, maillon par maillon, resserre la chaîne, et la grandeur de notre branle-bas de combat m'apparaît tout à coup : il faudra bien nous regarder et nous voir vraiment.

Françoise a écrit Blandine et Rosalie en collaboration avec Nathalie Fortin.

Nathalie Fortin et Françoise Gervais - Blandine et Rosalie
Françoise Gervais - Boîte de Blandine et Rosalie

 

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Pour Françoise
Novembre 2012
Nous sommes dans le regret d’annoncer que Françoise Gervais, notre chère, si chère comadre, nous a quittées dans la nuit de samedi 3 novembre à dimanche 4 novembre.
Sa mort subite nous plonge dans un immense chagrin. Les mots nous manquent pour exprimer le choc, la peine, le vide...
Françoise, chère, si chère Françoise... ton bel esprit, ton sens de l’humour, ton amour des mots, des femmes, du vivant, de la justice sociale, ton inspirante et solidaire présence tout au long de Nous, les femmes qu’on ne sait pas voir, ton courage, ta chaleur, tes doutes, ta combativité, ta beauté… Tu as su nous transmettre tant de ton être, de ton âme, de ton beau cœur ! Tu seras toujours au centre de ce « nous » qui te faisait palpiter !
Et pour reprendre les mots de Marie-Iris, dans le texte que nous lisions souvent ensemble lors des visites :
Je suis une femme de tous les âges. Je suis une femme sans âge.
Bientôt ce sera le grand départ. Je redeviens telle que j’étais, telle que j’ai toujours été; je réintègre ma maison. Je me réconcilie avec ma vie. Il n’y a pas de désespoir parce que ça se passe en arc-en-ciel. C’est moi, la vieille pomme plissée, ridée, brunie. Je suis belle, comme au moment de ma naissance, de mon enfance, de mon adolescence, de ma vie de femme rangée, de ma révolte, de ma délivrance et de mon abandon. La nature me ressemble tellement, elle qui traverse toutes les saisons, qui meurt et qui renaît toujours ! Je fais partie de ce cycle éternel, de ce mythe éternel. Dans ma tête, un rêve sans cesse revient et s’accroche encore : Partir sans attente. Je m’adoucis, je deviens aérienne. Je regarde vers l’aube naissante. Je me souviens que l’espoir, c’est lorsque la nuit devient aube.
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